A CONSCIOUS TOMORROW: Un refuge pour la biodiversité

Un château d’eau qui se fait « arbre » pour les oiseaux et les mammifères. C’est au cœur d’une forêt de chênes et d’érables protégée du Grand-Duché de Luxembourg que s’élève cette structure atypique, signée par le studio madrilène Temperaturas Extremas Arquitectos en collaboration avec Adelino Magalhães Asociados.

Présente et remarquable dans le paysage forestier, elle s’intègre pourtant harmonieusement à son environnement naturel. Découvrez le nouveau Château d’eau/Refuge pour oiseaux et mammifères, promu par la ville de Luxembourg et conçu par Temperaturas Extremas (Andrés Cánovas, Nicolás Maruri et Atxu Amann) + Adelino Magalhães.

Lors de leurs migrations, faucons pèlerins et martinets disposent désormais d’un nouveau refuge, implanté dans une forêt du réseau Natura 2000, qui couvre l’Europe centrale. Initialement pensé comme un simple réservoir d’eau de 1 000 m³ et 50 mètres de haut, installé dans une clairière protégée en bordure du quartier du Kirchberg, le projet a rapidement pris une dimension écologique supplémentaire lors que les architectes ont suggéré d’y intégrer un refuge pour la faune. “C’est le premier château d’eau élaboré selon une démarche à la croisée de l’architecture, de l’ornithologie et de la botanique. L'objectif est de fournir des solutions concrètes de refuge et de nidification pour différentes espèces, en leur permettant de cohabiter harmonieusement”, explique le porte-parole de Temperaturas Extremas Arquitectos.

Le projet s’appuie sur la verticalité de la tour, avec un plan circulaire qui lui permet de s’insérer naturellement dans la forêt. Les concepteurs sont partis d’un principe simple et ingénieux : transformer l’infrastructure en « un arbre de plus dans la forêt ». Pour alléger son impact visuel, la construction est divisée en deux volumes distincts : un premier cylindre en béton brut préfabriqué qui se fond dans les textures naturelles et abrite des nids pour hirondelles et faucons, positionnés à différentes hauteurs et orientations.

Le second cylindre, recouvert de lames de mélèze non traité et de liège, présente des éléments décalés et une façade perméable colonisable par la végétation, offrant également des abris pour les chauves-souris. "Ce projet prouve qu’il est possible de construire de manière extrêmement respectueuse de l’environnement. Nous sommes à une époque où l’architecture doit voir « au-delà de l'humain »", affirme Temperaturas Extremas Arquitectos.

Le bois et le liège renforcent l’efficacité thermique. L’ensemble du projet a été guidé par une volonté de durabilité et un usage réfléchi des ressources. La couverture végétale absorbe l’eau de pluie et la filtre vers une lagune voisine, limitant le ruissellement et optimisant la gestion de l’eau. Le sol extérieur et les accès sont en terre compactée, facilitant l’absorption et la filtration naturelle de l’eau.

“Cette approche”, comme le font remarquer les architectes, “fait de l’infrastructure un véritable acteur de l’écosystème, qui ne se contente pas de préserver son environnement mais contribue à l’enrichir.” Avec ce château d’eau/refuge, les concepteurs ont voulu redéfinir le concept d’infrastructure, en démontrant qu’un bâtiment technique peut devenir un outil de régénération écologique. L’ouvrage ne participe pas seulement à une meilleure gestion de l’eau : il établit un nouveau standard d’infrastructure durable, où architecture et nature cohabitent en équilibre. “En résumé”, concluent-ils, "il s’agit d’un projet strictement contextuel, conçu en symbiose avec la nature. Il trace une voie reproductible pour de futures interventions en zones protégées et démontre que l’architecture peut devenir un véritable pont entre innovation technologique et biodiversité."

Les châteaux d’eau existent depuis l’Antiquité, mais c’est au 19ᵉ siècle qu’ils ont pris leur place dans les systèmes modernes d’eau sous pression, avec des architectures très ornementales liées à l’essor des arts appliqués, notamment la céramique. Plus tard, ils sont devenus une expression de performance technique et d’ingénierie. Aujourd’hui, ce projet marque une nouvelle étape : l’eau, source de vie, s’associe à une infrastructure qui soutient la biodiversité de la faune et de la flore et la préservation de l’environnement.

Lauréat des Prix d’Architecture CSCAE 2025, dans la catégorie New Bauhaus, le Château d’eau/Refuge pour oiseaux et mammifères a été salué pour « la singularité de son élément architectural, garantissant coexistence, respect et intégration avec le milieu naturel. Avec son design saisissant qui se fond dans la forêt, le bâtiment prouve que l’architecture peut être à la fois infrastructure, sculpture et refuge pour la vie. » Organisés par le CSCAE (Consejo Superior de los Colegios de Arquitectos de España), ces prix mettent en lumière le rôle de l’architecture face aux grands défis contemporains, tout en valorisant l’engagement des auteurs pour le bien commun et la durabilité – sociale, économique et environnementale. Innovation, inclusion et qualité du design s’y conjuguent, érigées en véritables piliers du Nouveau Bauhaus européen.