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SERIES

A CONSCIOUS TOMORROW : L’écologie selon EGA

Date de parution : 17.04.2025

Sipane Hoh

EGA Erik Giudice Architecture, l’agence fondée par Erik Giudice, est basée en France et en Suède. Elle intervient dans plusieurs domaines allant de l’architecture à l’urbanisme, en passant par la recherche et le design.

Ses réalisations témoignent d’une approche innovante et écoresponsable.

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© Archi Drone

EGA a été mandatée pour la coordination architecturale de l’ensemble des équipements du secteur olympique de l’écoquartier fluvial (Ilot PE), ainsi que de la conception de deux bâtiments accueillant des logements pour les athlètes des Jeux Olympiques de Paris 2024. La transformation de ces deux entités en résidence étudiante pour le bâtiment PE2 et en bureaux pour le bâtiment PE5 faisait également partie de la deuxième phase du projet de grande envergure. « Nous avons adapté les bâtiments à la fonction des Jeux Olympiques avec une approche assez différente des autres villages olympiques, où la fonction principale était de loger les athlètes. Ici, l'approche globale consistait à la construction de la ville de demain. Nous l’avons juste adaptée pour qu’elle puisse accueillir l’évènement sportif qui ne dure que trois semaines. » Dans une telle opération, la difficulté de la tâche est d'arriver à penser les deux temporalités, avec toujours l'idée des Jeux Olympiques et aussi l'héritage des jeux. Il s’agit d’une approche architecturale et urbaine innovante.

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© Archi Drone

« C'est une conception où le projet urbain était déjà défini. Nous avons travaillé, entre autres, sur la volumétrie et sur les matérialités. » La date de livraison étant intangible, il a fallu être performant. Une dizaine d’architectes ont travaillé sur cette fraction de ville qui comprenait une résidence étudiante, un bâtiment de bureaux, un hôtel, la Cité des Arts et une base de loisirs et de sport nautique ainsi que des logements. Pour le bâtiment de bureaux (PE5), la double conception prenait en compte l’ensemble et les réglementations valables pour les bureaux et pour une résidence. Le dépôt du double permis de construire était aussi une innovation. « Concernant les aménagements intérieurs, les salles de bain sont des salles de bain modulaires qui seront ensuite réutilisées, donc récupérées et introduites dans un autre bâtiment. Pour les cloisons, nous avons développé avec Saint-Gobain une cloison placoplâtre, démontable et complètement récupérable grâce à des vis apparentes facilement dévissables. Ce qui a permis de décoller les cloisons sans casser le sol ou le plafond. Chaque plaque possède son QR code avec les dimensions, la localisation et la typologie, ce qui fait que quand ils vont récupérer les plaques, ils vont pouvoir les stocker, les trier, etc. ». De même, concernant la phase héritage, où le bâtiment allait devenir un ensemble de plateaux libres avec des bureaux, il y a eu une réflexion concernant la disposition des escaliers et des ascenseurs, pour que cela puisse fonctionner en répondant favorablement aux deux réglementations. Car en France, les réglementations sont différentes en fonction du programme et du contenu. « Mais cela n'empêche pas qu'après, à terme, si dans 20 ou 30 ans ils veulent transformer les bureaux en résidences, comme ce qui se fait de plus en plus, tout a déjà été prévu. Nous avons vraiment un bâtiment transformable et réversible ».

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© EGA Erik Giudice Architecture

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© EGA Erik Giudice Architecture

EGA mène souvent, dès la conception, une réflexion sur les différentes vies d’un bâtiment. Au-delà des choix des matériaux, l’agence travaille sur la flexibilité et la transformabilité et aussi l’évolutivité d’un bâti. Pour la résidence étudiante (PE2) qui a été utilisée pour loger les athlètes lors des Jeux Olympiques, EGA a eu une réflexion différente de celle utilisée pour le projet précédent. L’ensemble a été réalisé en construction hors site où chaque chambre constitue un module à part entière.

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© EGA Erik Giudice Architecture

« Les différents modules ont été réalisés en usine dans le Nord de la France et ensuite transportés par la Seine et puis montés ». Le rez-de-chaussée, où se trouvent le hall d’entrée, la grande salle commune, la salle d’étude et les quelques commerces, a été construit en béton ; tout comme la cage d'escalier et ce pour des raisons de sécurité d'incendie et de stabilité du bâtiment. Puis, les volumes qui constituent la structure du bâtiment ont été empilés. « Chaque volume fait à peu près 3 mètres par 6 mètres et constitue une chambre et l'intérieur de la chambre est déjà aménagé ». La construction des unités se fait en usine, elles sont ensuite empilées sur place, puis la façade construite sur site vient couvrir l’ensemble. Le bâtiment est construit avec des technologies innovantes réduisant considérablement l'empreinte carbone, puisque la construction consiste en 80% de bois. Le fait de construire en usine permet de limiter les chutes tout en travaillant dans des conditions meilleures.

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© Archi-Drone

Le bois en façade est traité avec une imprégnation qui est développée par une entreprise française. Il s’agit d’une imprégnation écologique qui permet de le pré-griser, ce qui fait qu'il a déjà une certaine teinte homogène. EGA travaille en France et en Suède suivant une approche nordique, et en privilégiant l’utilisation de matériaux biosourcés comme, par exemple, le projet qui sera livré à Malmö cette année. Il est question d’un bâtiment de bureau qui va être neutre en carbone sur 50 ans. Vista a gagné le prix du bâtiment le plus écologique en Suède. Il s’agit en effet d’un système de certification environnementale selon laquelle un projet est évalué sur la base de quinze indicateurs dans les domaines de l'énergie et du climat, de l'environnement intérieur, extérieur et de la circularité.

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© Carl Magnus Johansson

Erik Giudice, qui a grandi en partie entre la Suède et la campagne italienne, aspirait dès son plus jeune âge à la préservation de la nature. Il a proposé pour le projet de diplôme une construction en bois, chose qui a interpellé à l’époque. Plus tard, l’architecte a continué à introduire le bois dans ses conceptions. Par ailleurs, le fondateur de l’agence EGA est conscient que la construction écologique ne se limite pas à l’utilisation du bois mais aux divers matériaux biosourcés et géosourcés comme la pierre naturelle, la terre crue ou encore la paille. L’architecte insiste sur le fait que chaque région a ses spécificités et que, parfois, il vaut mieux croiser les modes de constructions ou les matières, pour s’adapter au contexte. L’agence compte aujourd’hui une vingtaine de personnes entre la France et la Suède. Au-delà d’une réflexion approfondie sur le programme, la forme et l’expression, EGA innove dans la manière de construire les bâtiments qu’elle conçoit. « Je suis assez optimiste sur le fait que la profession se réinvente» conclut Erik Giudice.

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