A CONSCIOUS TOMORROW : Retour vers le futur

L'art de faire de l'architecture sans perdre l'histoire du lieu.

Notre nouvelle série d'articles se penche sur la relation entre les lieux où quelque chose de nouveau doit être construit - en ville, à la campagne ou quelque part entre les deux - et ce qui est là, qui caractérise le lieu, lui confère son identité et le rend unique.

La construction est devenue très chère ces dernières années. Pour diverses raisons, les nouvelles constructions stagnent, sont planifiées mais ne sont pas réalisées. Du moins pas encore, car elles sont classiquement « mises en veille ». Mais cette « période de gel » est en même temps la chance d'une approche plus durable de l'architecture déjà existante. La recherche plus intensive d'objets appropriés, qui correspondent à une vision et une philosophie de vie personnelle. Et la volonté de les trouver, de les accepter et de continuer à écrire leur histoire, conduisent automatiquement à un taux de réussite plus élevé pour trouver un ancien bâtiment, dans ou avec lequel on peut réaliser son projet. Même si cela signifie qu'il faut parfois tout reprendre à zéro.

Un magnifique exemple de cette démarche est le projet d'une ancienne ferme bourguignonne que le célèbre designer Erwan Bouroullec a demandé au studio d'architecture LVA, fondé par Guillaume Le Dévéhat et Charlotte Vuarnesson. La mission : réhabiliter et mettre en œuvre ses idées dans le but de respecter l'existant, de valoriser les traces du passé et les gestes ancestraux et de donner au lieu un caractère à la fois polyvalent et pérenne. L'ancien bâtiment se trouve au milieu d'un paysage naturel de prairies et de forêts. Un environnement dont il ne voulait pas être séparé, et au contraire, dont il souhaitait trouver sa nouvelle destination, dans ce cadre historique - une architecture paysanne d'une nouvelle génération, d'une beauté pure et radicale, aussi modeste dans son langage qu'efficace dans ses qualités environnementales - qui se transformera à l'avenir en un lieu aux usages multiples.

Les tâches de l'équipe d'architectes étaient clairement définies : les couches historiques du bâtiment devaient absolument être conservées. Certes, il fallait en faire quelque chose de nouveau, mais de manière à ce que l'histoire propre du bâtiment ne soit pas perdue et puisse être lue à l'avenir avec tous ses souvenirs et ses histoires. Il s'agissait donc de réinterpréter l'existant sans le dénaturer. Enfin, la beauté de l'architecture rurale devait rester visible. Ce qui a été fait en intégrant des matériaux historiques dans le projet, en dégageant les structures et en préservant cet état brut. Et en même temps, la maison a retrouvé une nouvelle vie en étant entièrement rénovée et en étant occupée par un nouveau concept d'espace. Ce qui l'a sauvée de la ruine.

L'effort a été énorme car la "non-modification“ faisait partie du changement. Ainsi, le terrain naturellement incliné et le caractère continu de la maison devaient être conservés afin de nuire le moins possible au paysage et d'assurer une bonne aération. Alors que des fenêtres à double isolation, un chauffage au sol et des poêles à bois ont été installés, la nouvelle charpente a été recouverte de bois et l'ancienne fosse d'ensilage a été transformée en piscine naturelle. La nature environnante, le soleil, le vent et la pluie doivent être rendus directement perceptibles par les grandes baies vitrées, et aussi bien utilisés. Le soleil réchauffe les vieux murs et le bois de douglas des espaces intérieurs et la pluie s'accumule dans une cuve souterraine pour l'arrosage du jardin et de la piscine. À l'intérieur, des murs légers à ossature en bois ont été construits entre les murs de pierre, créant d'une part des espaces centraux continus et d'autre part des zones de repli. Les linteaux des ouvertures dans les murs ont été construits avec le bois de chêne retiré de la charpente démontée et les escaliers avec des pierres trouvées tout autour de la maison. La boucle est bouclée.

Dans une cour intérieure de la métropole italienne se trouvait jusqu'à peu un atelier de carrosserie vide. Celui-ci se morfondait jusqu'à ce que l'architecte d'intérieur Paola Marè le sorte de son sommeil et lui donne le nom de « Loft M50 ». Après des travaux de rénovation et de transformation réussis, l'ancienne « clinique automobile » brille d'un nouvel éclat, sans pour autant renier ce qu'elle était autrefois : un bâtiment industriel dont le charme est désormais souligné par des revêtements de sol en grès cérame, dans différentes nuances de gris, notamment dans le salon, la cuisine et la salle de bains.

Au rez-de-chaussée se trouve le vaste espace de vie qui, en tant que concept d'open space, constitue le cœur de l'appartement. La salle à manger, la salle de bain principale, le dressing et le bureau, séparés du reste de la maison par une porte coulissante en bois, ne sont séparés que par une cloison en briques. Un espace extérieur enrichit également ce niveau. L'entrée se trouve au même endroit et a été décorée avec du papier peint. L'étage supérieur est défini par des mezzanines, des éléments architecturaux typiques des lofts. L'ensemble de l'espace est caractérisé par le contraste entre le blanc des revêtements de sol et de mur, le noir du fer et des meubles et la chaleur que les éléments en bois de bouleau transmettent à la pièce.

Afin d'utiliser au mieux la surface de 146 m2 ainsi que la hauteur des pièces et de les rendre homogènes, la cloison séparant les deux entrepôts étroits et longs a été supprimée lors de la rénovation et trois mezzanines en métal ont été installées. Sur la galerie de la mezzanine se trouve la chambre à coucher avec une baignoire à remous encastrée dans le sol et une autre petite salle de bain. Enfin, l'espace réservé aux invités a été aménagé au troisième étage. Pour créer une certaine dynamique dans l'espace, les escaliers qui mènent aux mezzanines ont été conçus dans des formes et des couleurs différentes. En outre, une ambiance particulière a été créée pour les différentes zones fonctionnelles grâce à un éclairage soigné. Afin de créer un espace extérieur privé, d'éclairer l'intérieur et d'assurer ainsi une continuité entre l'intérieur et l'extérieur, une partie du toit a été retirée et la terrasse a été entourée des deux côtés par de grandes fenêtres coulissantes.

La maison d'habitation d'architecte R15, classée monument historique et mise en vente dans le quartier Obermenzing de Munich, est une rareté architecturale. Conçue par l'architecte munichois Rudolf Knecht et construite pour lui-même en 1927, cette maison d'été est considérée comme unique. Jusqu'à aujourd'hui, le bâtiment se distingue par de nombreux détails de construction et d'aménagement qui ont été conservés. Il s’agit notamment des voûtes d'arête, des arcs en bouclier ainsi que des formes de portes, de fenêtres et de volets en ogive. Outre le plafond historique à caissons dans le salon, les meubles encastrés sont considérés comme une œuvre d'art globale unique de la fin des années 1920 à Munich. À l'extérieur également, tous les éléments de décoration sont encore parfaitement conservés. C’est le cas notamment de l'espalier avec sa terrasse et son portail. Un style global que l’on retrouve aussi dans l'aménagement du jardin.

Mais cette idylle n'est pas sans danger. En effet, dans la partie arrière du terrain d'environ 820 m2, il y a une annexe des années 1960 qui ne fait pas partie de l'architecture classée et qui peut être démontée dans le cadre d'une nouvelle construction sur la partie ouest du terrain. Il s'agit donc à la fois d'un défi et d'une opportunité, non seulement pour le propriétaire, mais aussi pour le bureau Squaremeter chargé de la vente, qui dispose à la fois de l'expertise des architectes et celle des agents immobiliers. Alors, comment s'y prendre ?

« La maison d'habitation d'architecte R15 a déjà fait l'objet d'une grande attention médiatique et donc d'une grande convoitise, ce qui a rendu l‘expertise de courtier-architecte encore plus importante. Les monuments historiques et les espaces libres souvent adjacents ne sont pas rares en Allemagne. Pour le bien-être des villes, des communes et de toutes les parties concernées, il est impératif d'établir ici une approche globale », explique Tobias Schneider, Squaremeter - Makler & Architekten, Munich.

Grâce à leur professionnalisme et à l'intervention d'une historienne des monuments, Squaremeter a réussi à mettre en place un processus fiable d'évaluation et de vente.

À l'heure actuelle, le projet prévu par Squaremeter pour une nouvelle construction harmonieuse à l'architecture sophistiquée a déjà trouvé un écho favorable auprès des acheteurs. La maison d'habitation historique d'architecte est actuellement encore à la recherche d'un amateur et d'un acheteur qui souhaiterait poursuivre l'engagement extraordinaire de tous les participants en le valorisant. « Les tâches d'urbanisme font partie des thèmes importants de notre époque. Elles sont considérées comme la clé d'une société résiliente et ont donc une importance considérable. Les gens se sentent souvent en sécurité dans le contexte de bâtiments historiques. Les conserver de manière judicieuse et les compléter par des bâtiments modernes offre une opportunité pour l'aménagement de nos villes », déclare convaincue Melanie Straub, Squaremeter - Makler & Architekten, Munich.

En tant qu'architecte, se donner pour mission d'utiliser les structures existantes, de les exploiter, tout en veillant à ne pas les rendre méconnaissables, mais simplement en écrivant un nouveau et beau chapitre de l'histoire d'un bâtiment, reste un défi. Probablement l'un des plus passionnants qui soit. Et dans tous les cas, un défi qui préserve durablement le patrimoine bâti et les paysages urbains ou ruraux, qui ont toujours été familiers et identitaires et qui peuvent le rester.